Dans une ancienne publication, je vous avais parlé des recherches relatives à l’utilisation d’un smartphone-calculateur susceptible d’interpréter des données biologiques issues de tests réalisés par un simple dongle connectable. La problématique qui restait à résoudre était le prix du dispositif connectable, d’une part, et la capacité de calcul en virgule flottante des processeurs du smartphone.
En effet, les données biologiques sont si nombreuses qu’un algorithme de traitement d’informations croisées requiert des ressources considérables. Or il se trouve que l’arrivée sur le marché des smartphones relativement abordables et fiables de processeurs en 64 bits, et la multiplication du volume des mémoires flash RAM, ont considérablement aidé au développement du processus qui nous intéresse.
Autant la puissance de nos smartphones était largement surdimensionnée pour l’usage courant que nous en faisons, au point d’afficher des puissances frisant l’absurdité [et surtout l’inutilité faute d’applications codées en 64 bits hormis Lollipop toujours bien seul], autant le domaine du Medical Care y trouve une source de traitement de l’information à la manière d’un calculateur statique et non-transportable, toutes choses restant égales par ailleurs.
L’objectif du dispositif n’est pas de se substituer à la précision des laboratoires d’analyses. Il permet à tout médecin de ville en Europe, mais aussi et surtout dans les pays fortement sous-équipés, d’effectuer des premiers tests de dépistage in-situ. Sans l’aide d’équipements lourds et coûteux, le dispositif est en effet capable d’effectuer un traitement précoce des analyses réalisées, et d’en envoyer les premiers résultats en temps réel à un laboratoire, fût-il situé à les milliers de kilomètres de là.
Le dongle, contenant une puce microfluidique, est alimenté en branchant dans la prise audio d’un smartphone. | Samiksha Nayak
Un smartphone peut désormais effectuer des tests de diagnostic rapides pour le VIH, diabète, cancers, analyses de sang, MST, grâce à ce nouveau dongle, qui a été testé cliniquement sur le terrain et avec succès, au Rwanda.
Le couple dongle-smartphone/calculateur permet donc dès maintenant d’effectuer en ambulatoire et in situ, au domicile du patient si nécessaire, avec une extrême précision, la quasi-totalité des tests sanguins, la détection du VIH, et des maladies infectieuses les plus courantes notamment.
Les tests de diagnostic précoces sont déterminants dans la prévention et le traitement de la maladie, mais le plus généralement, comme déjà évoqué, ils nécessitent des équipements de laboratoire fixes extrêmement coûteux. Voilà pourquoi le dongle, ou plutôt les différents dongles [il y en a de différents types selon les examens requis], sont en fait des cassettes dite ‘microfluidiques’ [autrement dit des réactifs dédiés], produits de façon industrielle à des coûts inférieurs à 30 US$.
Il est intéressant de comparer ce que coûte en France un test de recherche du VIH par exemple : (a minima), 1 visite chez son médecin traitant pour obtenir une ordonnance d’analyse, l’analyse proprement dite, la contre analyse, la seconde visite chez son médecin traitant et ensuite le transfert vers un centre spécialisé pour la prise en charge. Autant dire que le coût du dépistage aura déjà coûté plus de 3 fois le prix d’un seul dongle qui lui sera réutilisable !
Les résultats des études scientifiques sont publiés ici, certains, je m’en excuse nécessitent un abonnement pour pouvoir être consultés : http://stm.sciencemag.org/content/7/273/273re1
Autre élément de comparaison, un dispositif dédié, mesurant le dosage immuno-enzymatique (ELISA), réalisé en laboratoire afin de détecter les anticorps pour les maladies du sang nécessite un investissement de 18.000 US$ par unité de traitement. La réplication de ces analyses au moyen d’un dongle totalement intégré à une puce de calculateur a forcé les chercheurs à miniaturiser une grande variété de composants mécaniques, électroniques et optiques.
Le dongle tire son énergie de prise audio du smartphone. Il est maintenant disponible aux USA avec une application dédiée fournissant par affichage écran le détail des procédures de tests à réaliser. De même, l’application synthétise et réunit l’ensemble des données afin qu’elles deviennent directement exploitables au sein de structures hospitalières disposant d’équipements plus précis.
Selon les premiers tests cliniques réalisés, les patients préfèrent nettement ce ‘petit’ test réalisé en 15 minutes afin d’être très rapidement fixés sur leur état de santé.
Il en allait de même lorsque j’avais présenté dans une précédente publication un procédé d’échographie, lui aussi basé sur le processeur calculateur d’un smartphone.
Autant dire qu’un médecin de ville aurait aujourd’hui la possibilité technologique à bas coût de réaliser rapidement une grande quantité de pré-tests de dépistages ce qui aurait pour effet d’accélérer les processus de prises en charge et de simplifier les démarches pour les patients.
Toutefois, et ceci n’engage que moi, il semblerait que la recherche fondamentale et pratique avance plus rapidement que la mutation des habitudes bien ancrées de lobbies et des majors de l’industrie pharmaceutique.
Source Université de Columbia
Rédacteur Invité : mo
Excellent article Mo qui permettra à tout un chacun de se faire une idée des nouveaux matériels transportables et autonomes.
Reste comme tu le dis dans ton dernier paragraphe, l’énergie inertielle que développent les majors de cette industrie …
Merci pour le commentaire Fracasse !
Comme d’hab t’as tout compris !
++
Bel article de Mo.
Vouloir c’est pouvoir… mais le « Pouvoir », lobbies et majors de l’industrie pharmaceutique, le veut-il?
Pep
Très bon article !
@Manu et Fabush54. Merci pour vos commentaires encourageants.
Très bon article merci
L’article révèle et signe tout de même une sacré avancé dans le monde médical qui plus est accessible. Maintenant tout à chacun d’y voir les biens faits et donc de changer ses habitudes, pour, comme tu l’as dit, un traitement plus rapide de certains cas.
Merci pour l’article très intéressant PEP
Merci à toi, et à tous,
Ces premières présentations de dispositifs médicaux associant des smartphones sont des réalisations que l’on peut qualifier d’embryonnaires en comparaison avec les véritables révolutions qui sont en cours de développement dans les laboratoires les plus avancés.
Tu as raison de dire que les avancées sont littéralement considérables et vont toujours dans le sens d’un meilleur service au patient et non pas dans le sens d’une hypothétique auto-médication.
Je suis impliqué directement dans le domaine d’expertise de ces Medical HT Devices aussi je préfère ne présenter que ce qui existe réellement, et surtout, qui a d’ores et déjà reçu les agréments de la FDA.
Si je devais attendre les AMM du LNE et de la SS, ça serait déjà plus long !!!
Ce serait bien sur intéressant de spéculer sur les voies des recherches en cours, et ça aurait probablement un aspect plus Geek, mais je ne me sens pas d’entretenir une pseudo rubrique genre science fiction ! (même si les recherches n’en sont pas).
Il y a assez de spéculations au quotidien avec les effets d’annonce smartphones pour éviter d’en rajouter !
PEP