La Chine est entrain de déployer une infrastructure pharaonique à ses voisins du Sud-Est asiatique, avec le projet de construire une importante ligne ferroviaire à grande vitesse traversant le Laos, la Thaïlande et la Malaisie jusqu’à Singapour. Le Laos, qui possède actuellement juste 3,2 Km de voies ferrées en fonctionnement, est sous le choc.
Le gouvernement laotien, le Parti Populaire Révolutionnaire Lao, a rencontré Li Keqiang l’année dernière et a accueilli le projet les bras ouverts. En plein essor, le Laos est en passe de devenir le carrefour du Sud-Est asiatique. Une ambition qui se heurte à la réalité du pays, pauvre et meurtri par la guerre, et menaçant sa stabilité :
- Le projet représente un travail d’ingénierie titanesque. Il nécessitera la construction de 154 ponts et 76 tunnels sans oublier les 31 gares justes pour relier les 418,43 Km qui séparent de Boten, à la frontière Laos-Chine, à la capitale du Laos, Vientiane. 20.000 ouvriers chinois seraient nécessaires pour la construction dont la date d’achèvement est programmée pour 2019. Le coût : environs 7 milliards de Dollars rien que pour cette partie. Même les investisseurs chinois sont dubitatifs.
- Le projet du Laos pour financer sa section de voies ferrées est d’emprunter à Pékin 4,5 Milliards £ (de Livres), soit 90% des 5,2 Milliards de GDP annuel, ce qui ferait du Laos le 4ième pays le plus endetté du monde, derrière le Japon, le Zimbabwe et la Grèce.
Avec 75% de sa population vivant avec moins de 2 dollars par jour au début de ce siècle, le Laos est l’un des pays les plus pauvres d’Asie. Cependant, le gaotie (nom du TGV chinois) serait le porte-étendard d’un pays qui s’ouvre, se développe malgré les blessures du passé. Il permettrait de gagner du temps et de l’argent, en ce qui concerne les échanges commerciaux entre les différents pays, mais aussi de garantir un afflux massif de touriste.
On voit ici que le Laos est un pays ou l’agriculture représente 42 % du PIB et 80 % de l’emploi total en 2009. Le gaotie serait un véritable choc culturel.
- Plusieurs experts financiers internationaux voient le prêt comme un futur désastre. La Banque asiatique de développement (ADB) l’a décrit simplement comme « inabordable ». Juste l’entretien du taux d’intérêt annuel du prêt s’élèvera presque à 20 % des dépenses publiques annuelles du Laos.
Mais le Laos possède d’énormes ressources naturelles telles que le cuivre, l’or, l’argent mais aussi les ressources forestières qui intéressent la Thaïlande et le Viêt Nam. Autres sources de revenu importantes, les capacités hydrauliques du pays. Grâce à sa géographie, son relief très montagneux, le Laos permet la construction de barrages hydro-électriques, et ainsi peut vendre, entre autre, 95% de l’électricité produite à Nam Theun II à la Thaïlande, rapportant 80 millions de dollars par an au gouvernement.
Le barrage de Nam Theun II qui exporte 95% de sa production à la Thaïlande.
Superbe article très enrichissant, j’adore ! Les pauvres laotien vont ce faire bouffer tout cru par les géants… Il en ont rien a foutre de leurs bien êtres… Ils veulent juste traverser et par la même occasion leurs pompers leurs richesse avec lequel ils aurait déjà pu s’en sortir…
Ce n’est pas faux ! Et il y a une chose très importante sur laquelle l’article n’insiste pas assez malheureusement mais qui est très emblématique de la politique de développement « extérieur » de la Chine : cette ligne est prévu pour être construite par…. 20 000 ouvriers chinois.
C’est ce que fait déjà Pékin en Afrique, où ils débarquent une armada de main d’oeuvre par Antonov entiers pour construire routes, ponts hôpitaux et autres bâtiments officiels, alors que la population locale n’a aucun débouché et que cela permettrait justement de développer les pays qu’ils « aident » ainsi. Et en échange ils achètent des terres fertiles pour leur profit, ou leur accordent des prêts qui ne feront que s’ajouter à la longue liste d’imbécilités du FMI et autres « généreux » organismes experts chargés de les « sortir » de la mouise depuis 50 ans !!!!
La Chine sera donc toujours gagnante, et les pauvres auront des trains grand luxe qu’ils regarderont traverser leur pays et les terres qu’on leur aura expropriées manu militari, et à bord desquels ils ne pourront jamais monter faute de moyens. Visiblement le cynisme s’accommode bien de tous les camps, socialiste ou capitaliste.
je reviens d’un voyage en vélo en Asie du Sud-Est et je suis allé, en particulier, de Vientiane à Luang Prabang (février 2019).
Je confirme le gigantisme des travaux de construction de ce TGV mais il ne sera pas opérationnel en 2019.