Smartphone

Les smartphones Chinois et les autres

Plus de 110 millions de smartphones ont été écoulés par les constructeurs Chinois au 3e trimestre 2014, dont une part non négligeable hors du marché local. Les constructeurs Chinois ont écoulé 111,1 millions de terminaux mobiles.

Un volume en croissance de 44,1 % sur un an.

L’approvisionnement du marché Chinois est certes important, mais ce marché n’est pas unique car L’implantation des constructeurs, a connu une croissance supérieure : +53 % sur un an, avec 43,6 millions d’unités écoulées au troisième trimestre 2014 (soit 39,2 % des ventes totales de smartphones par des constructeurs Chinois).

Le développement des ventes ‘offshore’ pour ces constructeurs est donc loin d’être marginal, ce qui est confirmé par l’adaptation de nombreuses technologies aux contraintes étrangères, notamment européennes.

Toutefois le classement des constructeurs de smartphones montre qu’aucun d’entre eux ne dispose d’une avance décisive sur les autres. 2 grands groupes se dessinent : le groupe des ‘plus de’ 10 millions d’unités vendues, et le groupe des ‘moins de’ 10, mais l’écart entre le plus petit et le plus puissant vendeur est un peu supérieur à 2 ce qui ne manifeste pas une domination écrasante.

Huawei : 13,5 millions d’unités ;
Xiaomi Technology : 13,5 millions d’unités ;
Lenovo : 10,1 millions d’unités ;
TCL Communication Technology : 10 millions d’unités ;
Oppo : 9,8 millions d’unités ;
BBK : 8 millions d’unités ;
Coolpad : 6,4 millions d’unités ;
Gionee : 6,3 millions d’unités ;
ZTE : 5,9 millions d’unités.

En outre, l’intérêt des constructeurs chinois pour l’Etranger est très variable. C’est TCL qui s’en sort ici le mieux avec 93,1 % de ses ventes hors Chine.

Lenovo ne vend que 25% de ses mobiles hors de Chine. Mais la finalisation du rachat de Motorola Mobility pourrait toutefois rapidement changer la donne pour le numéro un des PC et par ce biais relancer avec force la course au développement des OS largement dominée aujourd’hui par Android.

De ce constat pourrait naître une contrainte supplémentaire pour les constructeurs Chinois. Déjà phagocytés par un Android en constante évolution et hors de leur contrôle, ils se plient avec une lenteur remarquée aux upgrades de leurs firmware pour intégrer les OS ‘ultimes’ comme Lollipop.

C’est bien la raison des développements des surcouches logicielles tentant de donner l’illusion d’une certaine maîtrise ‘propriétaire’. Mais une surcouche est toujours cosmétique, le plus souvent peu esthétique et toujours gourmande en énergie.

Sauf exceptions on préfèrera l’original à l’adaptation, simulacre de copie.

Dans le même fil de raisonnement, les fondeurs Chinois ont été contraints de développer en urgence des processeurs capables de gérer la 4G et on a connu courant 2014 une forte stagnation des ventes dans l’attente de cette technologie. Il en a été de même pour l’adaptation des puces GPS qui s’est faite sous un vent de fronde non contenue.

Sous réserve de ces évolutions les constructeurs chinois devraient écouler 419,9 millions de smartphones en 2014 (+32,9 % sur un an).

Source : Digitimes Research

Ce constat est à mettre en regard d’une autre analyse qui présente une nette correction de trajectoire susceptible d’être décisive. Elle démontre que le développement massif du low-cost Chinois déroulerait le tapis rouge et favoriserait contre son gré le retour en force de Windows dans l’univers des smartphones !

Le marché n’est pas à un paradoxe près …

La concurrence sans bornes autour des systèmes dédiés d’Android a pour conséquence que le revenu des ventes progresse moins vite que celui des volumes. C’est semble-t-il un des effets pervers du dumping effréné.

En volume, le marché mondial (et non plus exclusivement chinois) des smartphones se porte mieux que celui des tablettes. Les ventes de ces dernières sont appelées à reculer de 3,5% en 2015, et celles des smartphones devraient progresser de 12,2% en 2015 avec 1,4 milliard d’unités.

Cependant avec une hausse moyenne annuelle de 9,8% en nombre d’unités entre 2014 et 2018, la progression du CA se limiterait à 4,2% par an, pour atteindre 452 milliards de dollars en 2018 contre moins de 383 milliards en 2014. Pour ne pas être totalement justes, ces prévisions ne sont pas à prendre à la légère car elles constituent la base de bon nombre de stratégies de développement.

La faute aux chinois ?

« L’impact des nouveaux entrants chinois sur le marché mondial se reflètera dans la course aux prix bas », selon les analyses concordantes.

« La stratégie du ‘haut de gamme’ est erratique et se perd en conjectures, alors que le ‘(plus) bas de gamme’ voit ses spécifications s’améliorer dans les smartphones plus abordables. »

Pour faire simple, on en demande toujours plus pour toujours payer moins.

La question est de savoir si le modèle économique est viable à long terme car l’ensemble a pour conséquence d’accélérer la course à la puissance sans se préoccuper véritablement de la gestion de l’énergie qui fait toujours défaut, et d’oublier de prendre en compte la durabilité des bien produits de même que leur entretien, d’où l’état endémique des SAV de la plupart des marques.

Qui plus est, et cela constitue une entrave notoire à la progression des constructeurs Chinois, le non alignement de la Chine sur bon nombre des règles régissant le commerce international voue aux gémonies toute forme de SAV ou de garantie véritablement sérieuse et fiable. On sait ce que coûte en Chine « l’achat » d’une normalisation CE, bien qu’il semble qu’en ce qui concerne les smartphones le marché mondial soit si ‘explosif’ qu’il se régule de lui-même.

Quoi qu’il en soit, le courant sera difficile à remonter !

Windows Phone serait-il le grand gagnant de la confrontation mondiale ?

IL semble bien en effet que les constructeurs qui déploient des offres Android risquent d’être les grands perdants du grand jeu ‘à qui perd gagne’ :

Google domine (82,3 % en 2014) et dominera (80 % en 2018) le marché en volume, par contre, le chiffre d’affaires généré reculera en deçà des 61 % dans 4 ans contre 66,6 % aujourd’hui.

Un CA qui prévisionnel de 275 milliards en 2018 contre 255 milliards en 2014. Soit une progression moyenne annuelle de 1,9 % bien inférieure aux 7 % qu’Apple devrait connaître pour atteindre les 152,6 billions $ et 33,8% du marché (contre 116,5 billions $ et 30,4 % aujourd’hui).

Microsoft bénéficierait alors de la plus forte progression (+25 % en moyenne annuelle) mais pour seulement 4,2 % de parts du marché soit 5,6 % en volume). Ce n’est pas pour rester neutre que Microsoft propose aux constructeurs Chinois notamment, la gratuité de son OS qui malgré bien des critiques s’avère d’une qualité et d’une stabilité exceptionnelle, maturité qu’Android n’a pas encore atteint.

Les autres OS, BlackBerry voire Firefox OS, tireraient également leur épingle du jeu avec 8,7 % de progression annuelle en moyenne malgré une présence assez insignifiante (1, 1% en valeur à moins de 4,9 milliards et 30 millions d’unités).

Quant au développement même accéléré des différents OS Chinois, il est encore à ce jour insignifiant.

Le marché mondial du smartphone est pléthorique et encore très loin d’être arrivé à saturation. Mais il serait plus raisonnable de considérer que dans ce marché mondial existent des marchés parallèles aux besoins fortement différentiés.

Le marché le plus considérable est celui des pays émergeants dont l’attente technologique est basique et l’indice de ressources vives très bas. Ce marché a besoin de low-cost et de technologies éprouvées donc fiables et durables.

Le marché international et notamment européen est quant à lui beaucoup plus mature et dans l’attente de performances technologiques exceptionnelles à des prix aussi bas que possible.

Ce marché pourrait buter contre cette équation difficile à résoudre cependant, les centres de R&D sont extrêmement actifs notamment en terme de générateurs d’énergie à combustibles, de piles ‘papiers’, de technologies full-duplex et autres technologies GPU très bien présentées sur ce site par DamsHolt.

Il est constant que cette expertise n’est pas la spécialité des plus gros fabricants chinois que l’on a vu ramer tant et plus pour réussir à conformer leurs processeurs aux exigences de la 4G.

La maitrise de la gestion de l’énergie sera décisive ici comme ailleurs, en même temps que l’optimisation technologique, mais il me semble qu’en parallèle, la mise en place et la maîtrise du suivi des ventes et du SAV deviennent strictement déterminant.

On ne pourra plus admettre pour des raisons autant écologiques qu’économiques qu’un smartphone est un produit de consommation courante et par ce, à durée de vie (très) limitée.

Google, déjà présent à 90% sur le marché de l’OS pour smartphone s’engage à affronter le hardware d’une façon qui me semble correspondre aux attentes du marché.

En effet, le kit Ara de Google développé par Motorola, est attendu pour janvier 2015

smartphone chinois 2

Google pose le principe de la modularité en présentant son projet de téléphone Ara. Ce principe a déjà été exposé dès 2013, c’est dire l’activité des R&D dont je parlais plus avant.

L’idée se confond globalement à ce que l’on a pu connaitre avec le principe d’assemblage des PC. Chacun à sa guise et selon ses besoins et se moyens avait le loisir d’adapter une bas ‘commune’ à ses spécificités d’utilisation propres.

Google va s’attirer l’expertise de multiples chercheurs développeurs en offrant de payer 100.000 US$ les meilleurs idées innovations technologiques.

Le procédé devrait conférer au smartphone ARA une durée de vie inégalée

« (…) parmi les modules disponibles, il y a aura, sous forme de pièces aimantées et non pas à visser, différents types de processeurs, appareils photo, écrans, batteries… » SIC

Un smartphone Ara de base coûterait 50 dollars et aura une durée de vie de cinq ans promet Google.

Bien sûr, le prix s’envolera en fonction des modules achetés par l’utilisateur, ce qui reprendra le principe et les différences entre un PC de gamer, une station graphique, et un PC de simple bureautique.

Rédacteur invité: Mo

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17 commentaires

  • J’aime beaucoup ton article, c’est plaisant à lire. Honnêtement les Smartphones chinois commence à arriver en masse en France, j’ai hâte que certain constructeurs arrive en Europe ( Xiaomi, Lenovo etc…)

    Merci de m’avoir cité Mo mais ce n’était pas nécessaire, continues à nous faire des articles comme celui-ci. Tu roxe du panda… 🙂

    PEP

  • Ouaohhh!!! Après cet excellent article, je me retrouve sans voix, sans Mo !!!!
    Il faut quand même que je le relise pour tout bien comprendre , Lol !

  • @DamsHolt=> « Merci de m’avoir cité Mo mais ce n’était pas nécessaire, continues à nous faire des articles comme celui-ci. Tu roxe du panda… »

    Ne joue pas les faux modestes!
    Tu aimes ça, oh oui tu le sais.

    Lol and pep made in manu

  • article très intéressant et proche de mon point de vue.
    Je ne pensais pas que les smartphones chinois prenaient une si grande place dans le market européen et qu’Android le tout puissant était autant en ballotage.
    Pointu et Précis

  • Merci Mo je me suis bien régalé avec ce survol du marché du smartphone chinois et dans le monde.
    C’est vrai que l’année 2014 est une énorme année de transition; les marques chinoises sont de plus en plus fortes et par leur forte présence dans les pays émergents créent de nouvelles sources de croissance et vont changer la donne. Cela aura pour effet de saturer les marchés matures.
    En plus, les chinois avec leurs produits de qualité et leurs prix imbattables créent des environnements difficiles pour faire des bénéfices, ce n’est pas pour rien que cette année Samsung a vu ses bénéfices baisser !

  • Microsoft bosse en effet pour démocratiser un peu plus son OS Windows (sans phone maintenant !). En plus de la gratuité de la licence pour son OS, il semble miser sur l’entrée de gamme avec la sortie d’un Lumia 530 successeur du 520 qui s’est bien vendu (en France surtout), et ils multiplient les partenariats quoique la firme de Redmond en perd un de poids cette année : Huawei. Le constructeur chinois a récemment annoncé ne plus vouloir investir au sein de Windows Phone.
    « Nous avons investi au sein de Windows pour plusieurs de nos produits, mais ils ne se vendaient pas très bien », explique Huawei, ça a le mérite d’être clair

  • Oui j’ai lu cette news moi aussi Anouz, Windows Phone est un excellent OS très fluide et très performant mais ces tuiles et la personnalisation pratiquement impossible me rebute. En 2015 cela va changer puisque ça sera du Windows 10 ( du vrai Windows ) avoir l’interface utilisateur sur un Smartphone.

    Cela étant dit Huawei n’a pas tort, nous verrons en 2015 comment Windows va évoluer !

    PEP

  • Très belle analyse. La viabilité du modèle économique chinois durera peut être moins longtemps qu’espéré. Les bas prix des appareils chinois feront sans doute, du moins je le pense, faire baisser les prix des hauts de gammes Coréens et taïwanais,mais ils devront un jour ou l’autre augmenter les leurs. cela permettrait de trouver un juste milieu.

  • Pour Damsholt, je crois que Microsoft devrait concevoir un beau terminal haut de gamme, une vrai bête de course avec un design et des matériaux premium pour mettre en valeur son OS (A mon avis ils misent trop sur l’entrée et moyen gamme). Franchement Windows 8.1 a beaucoup évolué (moi j’ai manipulé la version 7.5 sur HTC Titan en 2011 et je le trouvais super fluide) :
    Pour l’interface, hyper facile à manipuler, les vignettes dynamiques super pratiques. Elles permettent d’afficher des informations directement sur l’écran d’accueil, sans avoir à ouvrir l’application. Et la 8.1 a rajouté le centre de notifications et la possibilité de mettre un fond d’écran qui viendra s’afficher dans des vignettes transparentes. Leur store contient plus de 300000 applis pas mal, et l’une des grandes forces de Windows Phone est de se montrer fluide et réactif, quel que soit le smartphone sur lequel il est proposé. Finalement il ne leur manque pas grand chose ! mais finalement on aime ou on n’aime pas

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